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LE MAL DU BONHEUR


À Mme A. de Cavaillet.

I

La douleur est un fruit. Dieu ne le fait pas croître
Sur la branche trop faible encor pour le porter[1].

Le bonheur aussi peut tomber sur des branches trop faibles pour le porter, — et j’en vis un intéressant exemple. Vous avez connu cette sombre Julienne Syères, qui semblait une descendante des Abencérages. Sa figure éclatante, ses grands yeux cordouans, sa lèvre rouge et presque farouche lorsqu’elle la levait sur les dents argentines, la sauvage beauté de sa chevelure la détachaient sur le fond des autres êtres, comme une sorte de lumière d’ombre. Elle avait seize ans, elle était frêle, encore que sculptée à souhait pour le désir.

  1. V. Hugo.