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II

Ma liberté ne fit pas long feu. Six mois plus tard j’épousais cette exquise et périlleuse Anne B…, que toute la jeunesse mondaine convoitait avec fureur, mais dont nul n’osait courir le risque de faire sa compagne. J’eus pour elle un goût terrible, comme le comportait son caractère et son genre de beauté, et je craignis, durant les premiers mois, de ne jamais pouvoir me passer d’elle. Mais il n’y a flamme si ardente qui ne s’étanche, et au bout de l’an j’observais Anne avec curiosité et douceur, prêt à lui administrer le bouillon du flagrant délit. Elle se méfiait, elle se donna le luxe d’une fidélité qui lui coûtait les yeux de la tête. Mais il survint un petit Magyar si vif, si beau, si constant, qu’elle ne put résister davantage, et ce fut mon deuxième divorce.

III

Après cela j’épousai successivement Jeanne C…, qui me fut cinq ans fidèle, et dont j’élève