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celle qui me plaisait le plus. Je l’aimais infiniment et je fus tout d’abord payé d’un juste retour. Je ne pratiquai aucune tactique durant la lune de miel, je ne déployai aucune de ces pharamineuses malices des jeunes époux qui croient devoir façonner leurs compagnes selon quelque idéal. Au bout d’un an, ma femme commença de devenir coquette et se remit à fréquenter le monde avec ardeur. Je ne laissai pas d’en ressentir quelque ennui, à cause que ma jeunesse n’était pas encore à la hauteur de mes théories. Mais à force de me répéter : « Aujourd’hui ou demain, cette année-ci ou la prochaine, rien ne prévaudra : ton sort est aussi fixé que la course de la terre autour du soleil… » j’en vins à calmer la jalousie et à prendre mes mesures pour l’avenir. Mesures bien simples, puisqu’elles se bornaient à payer périodiquement d’anciens agents de la sûreté tombés dans le service personnel. Vers la deuxième année de mon mariage, ma délicieuse petite femme se fit surprendre à souhait dans la garçonnière d’un gentil garçon qui l’emmena par la suite et qu’elle trompa à discrétion. Le divorce fut prononcé en cinq sec, et sans embarras subséquents, — car j’avais soigné particulièrement le contrat de mariage,