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III

Au coucher, je me barricadai franchement, mis en défiance de plus en plus par les allures féroces de mon hôte, et je dormis tant bien que mal jusqu’à l’aube. À la pâle lueur grise venue par une meurtrière, la joie m’inonda, puis un singulier regret de quitter ce toit farouche où respirait la merveilleuse Ibère. Je me levai d’un bond ; je découvris, dans un pot de grès, de l’eau pour faire mes ablutions. Je descendis ensuite, et je trouvai la jeune fille seule. Elle était sur le seuil de la porte ; elle se tourna vers moi toute nimbée par un rai rouge. Comme elle entra dans mon âme, et comme elle s’y devait fixer ! Je demeurai tremblant de tous mes membres, les « genoux déliés », comme disaient les vieux aèdes. Et de toute ma vie, jamais, jamais plus la sensation qui tient debout le monde ne fut ainsi magnifiée et sublimée dans mon pauvre moi, comme en ce matin de septembre où la fille sauvage se tenait sur la porte embrasée d’aurore.

Je ne sais plus ce que je balbutiai, mais je l’entendis me répondre :