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II

Un soir, je cherchais quelque auberge ou quelque ferme sauvage, affamé et recru de fatigue… Le crépuscule mourait sur les mers du firmament ; des forêts et des collines s’épaississaient comme des houilles violettes sur le ciel étrangement cuivreux. Les derniers ramiers s’agitaient dans les feuillages, et la voix des ruisseaux commençait à se faire triste, mystérieuse et presque menaçante. Je tombai contre une espèce d’habitation cyclopéenne, sorte de tour carrée percée de meurtrières, d’ailleurs vaste, et qui pouvait remonter à plusieurs siècles. Un gros chien menaçant m’’accueillit d’aboiements rauques, puis une espèce de colosse sombre apparut, dont les yeux luisaient comme braise :

— Que voulez-vous ? demanda-t-il d’un ton brusque.

J’étais bien armé, adroit, agile, ayant dix balles à tirer, un solide couteau de chasse. Je ressentis un peu de méfiance, mais aucune crainte.

— Je demande l’hospitalité, répliquai-je.