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— Ah ! dit-elle… pourquoi n’êtes-vous pas végétarien ?… pourquoi n’avez-vous pas « témoigné » ?…

Je la regardai d’un air de stupéfaction, m’attendant à toute chose, mais point à celle-là ! Je savais bien qu’elle était végétarienne, mais je ne supposais point qu’elle pût subordonner son amour à cette conviction purement hygiénique.

— Mais je serai végétarien ! fis-je avec l’ardeur de ma tendresse.

Elle avait vu ma surprise ; elle se mit à sourire avec une pointe de malice :

— C’est juste. Vous ne savez pas, fit-elle. Mon sort dépend tout entier de ma tante, chez laquelle je vais retourner après-demain. Elle a été si bonne, si dévouée pour moi, — plus que maternelle, — et je ne saurais songer un instant à aller contre son consentement… Or ma tante veut que mon fiancé soit non seulement un végétarien affilié, mais encore qu’il ait à son actif quelque éclatant « témoignage ». Si bonne, si excellente soit-elle, il y a là une véritable foi… Rien ne saurait, je crois, la contraindre à changer ses conditions.

J’aurais bien ri en toute autre circonstance, mais, devant le clair visage de mon amie, sous le