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LE VÉGÉTARIEN


À Willy.

I

Je l’avais connue au bord de la mer, dans cette grande liberté de la vie anglaise où les intimités vont si franches et loyales dès qu’on est admis. Elle était venue passer six semaines dans une famille où je fréquentai ; ç’avait été bientôt l’aventure la plus considérable de ma vie. Elle réalisait au suprême degré les grâces de sa race : lumière du visage, aristocratie de la forme, infini regard bleu, où l’amour tombe comme dans un abîme. Je n’osai toutefois lui dire ma tendresse que vers la fin de son séjour, un matin qu’elle étincelait au soleil, que le vent emportait de-ci de-là sa magnifique chevelure et sa robe blanche. Elle se troubla, et d’une voix triste et tendre :