Page:Rosny - Les Profondeurs de Kyamo, 1896.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui eut été définitivement laissée, ses maîtres furent plus curieux que cruels, dédaignèrent sa faiblesse. Mais à certains de ses mouvements, de ses gestes, de ses attitudes, il leur inspira de l’inquiétude. Leur instinct devinait en quelque sorte qu’il était, lui, l’inconnu, d’une race parvenue où jamais ils ne parviendraient. Ils le surveillèrent plus étroitement, pleins de mystérieuse défiance. Chaque jour il devint plus incertain s’ils ne se décideraient pas finalement à l’immoler. En même temps, ils se cachaient de lui, pour leurs actes importants, ils lui ôtaient cette possibilité de les observer à laquelle il avait fait un si terrible sacrifice.

Alglave songeait misérablement à ces choses. Après une petite marche matinale, ses maîtres et lui venaient d’arriver au bord du fleuve ; ils y avaient rejoint une nouvelle bande d’anthropoïdes, au moins aussi nombreuse que la leur, qui semblait les y attendre.

À travers le brouhaha de ! a rencontre, les gestes indicateurs, les mimiques, Alglave comprit ce qui amenait ces êtres en ce coin de la forêt.

Là-bas, à quatre cents mètres environ du bord, on apercevait une île très longue, quoique médio-