qu’au moins cette bouche pure, un moment, se posât sur la mienne.
D’un ton d’amertume :
— Votre départ va encore me faire nier Dieu !
Le visage charmant se leva plein de reproche :
— Oui, repris-je avec force… je trouverai injuste de vous avoir rencontrée et de vous avoir perdue si vite… et je ne pourrai vraiment avoir aucune espérance qu’Il existe… Si du moins…
— Si du moins ? dit-elle, voyant que je m’arrêtais.
— Eh bien ! oui, si du moins vous m’accordiez un baiser, ma chère petite sœur humaine… un baiser d’amie… le souvenir en garderait la doucœur et me ferait penser à vos paroles !
Elle demeura pensive une minute ; mes artères roulaient si fort qu’à peine entendais-je bruire la robe légère et les plantules qu’elle courbait. Enfin, un murmure bien bas :
— Prenez donc le baiser, et que le Seigneur en fasse la semence de votre salut !
Déjà j’avais saisi ma sœur en Jésus-Christ ; je goûtai la fraîcheur des lèvres fines. Elle prit passivement le baiser, puis je sentis trembler le buste souple et la bouche divine appuyer d’un