Page:Rosny - Les Profondeurs de Kyamo, 1896.djvu/247

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les cimes voisines, et ma compagne, étendant le bras :

— Le doute se lèvera de votre âme comme ce nuage va se lever des montagnes.

— Ah ! m’écriai-je… si vous pouviez dire vrai !

Cependant, je lui offris le bras pour descendre ; j’eus contre moi le bruissement délicieux de sa robe et l’odeur de violette de sa chevelure.

V

Nous discutâmes encore, puis nous en vînmes à causer de cent choses, avec tant de haltes que le crépuscule nous surprit avant que d’arriver au gîte. Cependant nous en approchions.

Les grands sapins, les hêtres glacés d’acier, tremblaient avec de grandes voix douces. Je dis à ma compagne :

— Vous reverrai-je ?

— Non. Je pars au matin pour Belfast, où m’attend mon fiancé !

Ces mots me remplirent de mélancolie. Je vis, sans lendemain, le joli prodige de notre rencontre, et ma poitrine battit du profond désir