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DANS LA MONTAGNE


À Paul Marguerite.

I

Je montais solitaire à la Croix de Javernaz. Ce n’est point, à vrai dire, une ascension ; la plus grande partie du chemin se pourrait faire en cycle. Mais la route est bien charmante, une des plus fleuries qui soient. Vers la fin de juillet, il y flotte l’encens de tous les temples végétaux, une gloire éclatante jaillit aux rocs et aux forêts, quelque joli chamois goûte le bonheur parmi les pâtures odoriférantes.

J’atteignis la halte du torrent, où c’est la coutume de déjeuner, où je fus mêlé à tant de rieuses filles, tant de jolies vierges dont mon cœur s’attendrit un moment, comme l’eau s’émeut d’un furtif et frais nuage. Ah ! qu’elles couraient délicieusement autour du petit val, qu’elles jouaient