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V

Je sais mal ce qui se passa, j’ignore comment je me trouvai saisie par l’homme que je détestais, comment soudain arriva l’épouvantable chose, comment je m’enfuis, déshonorée, au sortir d’un demi-évanouissement. Mais je sais bien l’horreur affreuse qui me déchira le cœur. Je sais la soirée et la nuit de misère, le dégoût, la honte suicidante… Je sais aussi le jugement que je portai sur moi-même et la condamnation que je prononçai…

VI

Car je me jugeai et je me condamnai. Je décidai que je n’étais plus digne d’être la femme d’aucun homme de cœur, moins encore celle de Georges. Je pris la résolution de vivre libre, — d’être la maîtresse de mon ami et de lui donner le bonheur qui serait en mon pouvoir.

Je tins parole. Je me livrai à Georges, je rompis mes fiançailles. Mon oncle se fâcha, me déshérita ;