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IV

Un après-midi de mai, Georges venait de me quitter. J’étais profondément émue, tremblante, orageuse : nous avions plus que jamais dû nous contenir. Et j’essayais de lire un vieux roman de Mme Cottin, pris au hasard dans la bibliothèque.

En ce moment, un pas fit crier le gravier, et, levant les yeux, je vis s’approcher un ami de mon oncle, quadragénaire un peu équivoque, hardi et observateur, qui me déplaisait beaucoup. IL s’assit près de moi, se mit à parler, à son habitude, des gens du voisinage. Son œil clair se fixait sur moi ; je comprenais qu’il voyait très bien que j’étais agitée et qu’il en devinait le motif. Cela me gêna étrangement d’abord, et, tentant de me dominer, je tombai dans une espèce de distraction où l’image de Georges passait et repassait, voluptueuse…