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LA CONFIDENCE


À P. Bonnetain.

I

En somme, je l’avais rencontrée au Casino de Paris, au Moulin-Rouge, en d’autres endroits encore où la femme vient vivre de l’homme. Mais sa réputation n’était point vulgaire. Quoiqu’elle n’eût de métier que la galanterie, on savait qu’elle ne se donnait jamais à ceux qui n’étaient point de son goût. En général, elle gardait assez longtemps ses amants, — une, deux, trois années, — se faisait aimer passionnément. Elle ne trompait presque jamais l’homme choisi et se montrait admirable pour ménager les amours-propres lors des ruptures.

J’eus le bonheur de lui plaire ; je goûtai près d’elle des joies infinies. Je crois bien que je n’ai aimé personne comme elle. Je crois aussi que je n’ai jamais été aimé aussi profondément.