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viction est faite. À moins que je ne la claquemure ou que je ne suive chacun de ses pas, — indignités dont je suis incapable, — ma femme me trompera aussi fatalement que l’eau va des fleuves à la mer. Elle est en proie à des forces dont il est impossible qu’elle triomphe. Il faut donc s’y résigner, et je veux m’y résigner. Seulement, je désire que ça se passe moins bêtement que ça ne se passe d’ordinaire, plus généreusement, plus loyalement aussi. C’est pourquoi je suis venu te dire que mon vœu est que ma femme me trompe avec toi !

— Avec moi ? m’écriai-je en sursautant… Avec moi, ton ami ?

Je sentis s’élever dans ma poitrine une angoisse étrange et douce.

— Oui, fit-il d’un ton volontaire, avec toi et parce que tu es mon ami… parce que je t’ai jadis enlevé cette femme… parce que tu es seul capable de l’aimer sans chercher à m’avilir et à me ridiculiser… parce que je crois que ton amour l’arrêtera sur la pente des idylles multiples où une femme se souille odieusement l’âme… parce que tu es presque un père pour mes chers petits !…

— Maurice… commençai-je.

— Pas un mot ! Tout ce que tu me dirais serait