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ardeur, un frémissement qui remuaient le cœur des hommes. Je l’observais avec inquiétude, inquiet à l’extrême en sa présence et tout mélancolique à l’idée qu’elle tromperait bientôt son mari. Sur l’honneur, je n’eus pas de mauvaises pensées personnelles, du moins aucune pensée appuyée. Je crois être sûr que pour rien au monde je n’aurais accepté d’être le complice de l’imminent adultère.

III

Un soir que je rêvais devant ma fenêtre ouverte, par un de ces temps tièdes et ennuagés où tout est charme, rêve, douceur tendre, un de ces temps femme qui font palpiter les êtres, on m’annonça Maurice. Il avait la voix sombre, chagrine, brève. Je voulus faire apporter une lampe, mais Verteuii s’y opposa :

— Nous serons mieux dans l’ombre.

Il se laissa verser une tasse de thé, demeura rêveur, puis me dit ex abrupto :

— Ma femme va me tromper !

J’essayai une protestation ; il m’interrompit :

— Je ne parle pas à la légère ; et à quoi bon, entre gens comme nous, des mots vides ? Ma con-