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sa complète absence de vanité, et à la suite d’une longue conversation où il m’avait montré toute sa tendresse, je pardonnai sa victoire et je l’aimai plus que jamais. Aussi devins-je le familier de la maison, celui que les enfants regardent comme un second père. Car Berthe et Maurice eurent des enfants, les plus charmants du monde, sur lesquels je reportai quelque chose de mon amitié pour le père et de mon amour défunt pour la mère. Défunt n’est pas le mot juste. Il demeurait en moi quelque sensation confuse, informulée, comme de l’amour noyé sous du respect. Jamais, d’ailleurs, je ne dis un mot ni ne fis un geste qui pût être mal interprété.

II

Dix ans se passèrent. Mme Verteuil avait atteint sa vingt-huitième année et, malgré qu’elle eût trois fois été mère, elle était devenue plus belle, plus gracieuse, plus désirable que dans sa dix-huitième année. Vers le printemps de 1890, quelque chose de trouble apparut en elle, un approfondissement du regard, une voluptueuse