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tout mensonge. Je suis son élève, j’ai appris à son école la douceur d’être loyale et l’orgueil d’être fidèle. Le jour où je le voudrai tromper, le divorce sera mon recours ! Mais, pour l’instant, la vie ne peut m’être aimable que si je la passe à son côté, véridique et sans tache.

Je sentis bien que la délicieuse créature ne parlait point en vain, qu’il en fallait faire mon deuil. Je ne l’en aimai que davantage : son nom, prononcé par hasard dans un salon, me rendait le cœur insupportable ; sa présence me jetait dans une douloureuse extase. Et je ne laissais pas de m’indigner de ce qu’un seul homme prétendit avoir le monopole de cette grâce, si rare que je ne lui connus guère de seconde. « Lorsque la nature, me disais-je, se plaît à créer une beauté parfaite, la confiscation de cette beauté devrait être considérée comme un délit… »

Je ne parle plus ainsi aujourd’hui.

III

Je continuai donc à aimer désespérément Mme de Vrigneuse, et deux ans se passèrent sans la moindre apparence de guérison. Dans