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écarté doucement l’enfant anthropoïde, et se tint dans une altitude paisible, résignée, évitant, selon le conseil des nègres, de lever les yeux sur les arrivants.

Soudain, il se sentit soulevé de terre, il étouffa dans une étreinte irrésistible. Il crut sa dernière heure venue, il porta machinalement la main à sa poche pour chercher un revolver. Des hurlements s’élevèrent, l’étreinte formidable se desserra un peu.

Alglave, entre ses paupières mi-closes, observa. Il était environné d’une multitude agitée, curieuse, de têtes noires, où apparaissaient des mâchoires puissamment endentées et qui, à ce moment, semblèrent féroces et sanguinaires. Sa vie n’appartenait plus qu’au hasard. Quoi qu’il tentât, son effort serait misérable, piteux, inutile. Son extermination par les mains d’un seul de ces géants ne prendrait pas une demi-minute.

Il eut alors la singulière sensation notée par Livingstone sous la griffe d’un lion : un effarement si grand qu’il en abolissait la terreur, une impossibilité de souffrir du péril.

Il entendait, il voyait un débat s’engager à propos de lui ; quelques mains musculeuses s’avancèrent avec menace, puis il y eut répit. Un homme