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Là, je fis un mandat, j’écrivis à la mère en lui disant d’envoyer désormais ses lettres à Paris, à une adresse et un nom que je lui indiquai, et en m’excusant d’employer une main étrangère. Puis, allégé, je rentrai au château. Mon hôte ne devait être de retour que vers midi.

III

Je trouvai la jeune femme au salon, en train de lire. Elle rougit à mon arrivée ; je me sentis devenir tout pâle ; la crainte de m’être trompé me faisait trembler d’une façon intolérable. Nous demeurâmes deux minutes en silence ; je vis que, peu à peu, elle devenait pâle à son tour. J’osai alors m’approcher d’elle, et, tout à coup, se décidant, elle dit :

— Ne pensez pas mal de moi… Un jour, je pourrai vous dire…

— Rien que je ne sache déjà, lui dis-je… Je sens que, si vous aviez estimé votre mari…

Elle inclina la tête, étonnée, puis elle releva les yeux. J’y relus l’histoire mystérieuse, l’immortelle féerie qu’un beau regard de femme raconte au regard amant. Déjà je posais ma bouche