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II

Huit jours avaient passé. Je commençais à regarder avec tristesse devant moi. Chaque soir, j’avais un peu plus ouvert des recoins de mon être, excité par une sympathie que je sentais venir dans l’ombre, avec le parfum de la jeune femme. Le neuvième jour, au matin, comme je passais sous un saule de Babylone, je la vis soudain devant moi. Son regard ne se détourna pas tout d’abord ; j’y lus l’histoire mystérieuse qui fait pâlir les plus forts ; puis, rougissante, après deux ou trois mots de politesse, elle s’éloigna. Je demeurais immobile, entendant gronder mon cœur plus haut que le ruisseau voisin et me disant : « Il faudra avancer mon départ. »

Et, très honnêtement, je résolus d’être parti le surlendemain, tandis qu’une tristesse mortelle descendait sur moi et m’asphyxiait.

Une heure plus tard, mon hôte me conduisait à travers champs pour me montrer une tranchée