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captif ? Y consentiraient-ils seulement ? Ne le déchireraient-ils pas, surtout s’il osait paraître à l’heure (sans doute sacrée) du conseil ? Ou, s’ils dédaignaient de le mettre à mort, ne le chasseraient-ils pas piteusement de la forêt ?

Ces réflexions coururent en désordre par le cerveau d’Alglave. Elles ne le découragèrent pas. L’autosuggestion scientifique, l’état hypnotique de Pline périssant dans l’éruption du Vésuve, le tenait solidement. À peine s’il songea une seconde à reculer, préoccupé seulement de tourner les obstacles.

Comme il rêvait, projetait, il entendit, tout près de lui, un léger grattement. Il se tourna, il vit, dans la demi-ombre, une espèce d’enfant noir, un petit anthropoïde qui fixait sur lui des yeux ronds et craintifs. D’où venait-il ? que faisait-il là ? Il n’eut pas le temps de s’en rendre compte : l’enfant venait de pousser un cri, cri d’effroi provoqué par un mouvement de tête du naturaliste. Aussitôt, il se fit un silence dans le rond-point du conseil. L’enfant répéta son cri. Les hommes des bois se levèrent, une douzaine se précipitèrent vers l’arbre creux. Alglave n’attendit pas qu’ils le surprissent au gîte ; il voulut les recevoir au grand jour. Il sortit de son abri, après avoir