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affligés et le soutien des maris ridicules, outre que, d’ailleurs, je n’ai point été avare de mes louis pour ceux dont les douleurs ne dépassent pas l’estomac.

— Une chose nous intéresse entre toutes, interrompit Louis Genest en riant, c’est que tu aies été le soutien des maris ridicules… Pourrais-tu nous citer.

— Un exemple ? Je n’ai qu’à remonter à la fin de l’été dernier, et je t’assure que tu as bien tort de rire ! Dans toute ta misérable vie d’imbécile, tu ne feras rien qui approche de mon trait de morale en action !… En ce temps, mon caprice m’avait porté vers une vieille ville ardennaise où j’avais pris pension, dans un grand hôtel seigneurial du dix-septième siècle, noir et ruineux. L’hôte n’en occupait guère que la moitié pour loger les voyageurs de passage et quelques vagues fonctionnaires moisis et taciturnes. Le demeurant se louait à des familles de l’endroit, petits rentiers, petits commerçants en chambre, employés.

Je me trouvai voisine d’un ménage de l’espèce. L’homme était une manière de géomètre-arpenteur, âgé de quarante-trois ou quarante-quatre ans, doux, grave, taciturne. La femme, blonde encore dorée d’un rayon de beauté, le suivait à