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— Pour habiller Madge.

— Ou yé mé.

En entendant cela, Harriet laissa aller sa tête contre la muraille et se mit à pleurer, silencieusement. Ah ! pauvre diablesse ! Quelle honte de l’avoir crue sorcière ! Ce fut un méchant, sale trick ! En misère comme elle était, donner ainsi son pain à Madge et souhaiter de la nourrir de gâteaux et de l’habiller de soie ! Ah ! pauvre diablesse de monstre !

Mais Harriet essuya son visage, fit quelques pas en arrière, ôta ses socques, les fourra dans sa poche, revint en faisant un peu de bruit. Elle frappa à la porte :

— Entrez !

La Barrow vint au-devant d’elle, effarée, con- fuse, tout de suite commença des excuses :

— Vous ne voudriez pas le croire… j’étais là assise, à réparer une boutonnière… et tout d’un coup que vois-je !… Madge… l’ange ! Madge toute seule qui poussait ma porte. Je n’ai pas eu le cœur de la renvoyer… Je n’aurais pas pu… j’étais si saisie ! Excusez-moi.

— Ne le mentionnez pas, m’ame !

Et Harrick s’accouda, volontairement, à causer avec le monstre, à écouter les confidences de