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par tomber ; et quelque chose de visqueux et de velu montait sur elle, chuchotait abominablement. Elle s’éveillait alors en sueur et pensait à la Barrow.

Or, celle-ci s’était prise d’affection pour l’enfant, sans qu’Harriet osât s’en montrer fâchée, dans la crainte d’une ténébreuse vengeance. Chaque fois que la sorcière rencontrait la mère et la fille, elle criait :

— Oh ! m’ame, je n’ai jamais eu tant d’amour pour personne que pour ce petit ange.

Harriet tressaillait d’horreur, mais Madge jetait, du bout de ses petits doigts, un baiser à la monstre.

— Oh ! la petite fée ! la petite fée ! criait celle-ci.

Elle avait cependant le bon esprit de se tenir à quelque distance, et jamais elle ne prit l’enfant dans ses bras. Mais son affection était sincère. Elle guettait l’enfant, elle vint plusieurs fois chez Harriet, rien que pour contempler Madge. Elle lui criait, à distance, mille tendresses, apportait des gâteaux soigneusement enveloppés ; ses yeux luisaient de passion ; elle tremblait d’envie lorsque d’autres caressaient Madge devant elle.