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III

Elle remit ensuite son masque et demeura frémissante, les yeux cachés entre ses mains. Je la crus désolée, je dis avec douceur :

— Vous ne m’en voulez pas ?

— Vous en vouloir ! s’écria-t-elle d’une voix ardente. Je n’ai jamais connu si complet bonheur. Vienne maintenant la vieillesse, elle me trouvera résignée… Je ne demande aucun lendemain ! Ce souvenir suffira à parfumer ma vie… Mais du moins acceptez mon amitié, et si la tristesse que vous portez sur votre visage a une cause, et que je la puisse connaître, confiez-la-moi.

Nous nous rassîmes ; je lui fis ma confidence. Mon cœur était plein, je parlai longtemps, je mis à nu ma vie, Elle m’écoutait avec un intérêt profond, m’interrogeant minutieusement sur ma situation de fortune. Quand j’eus terminé :

— Si vous voulez entièrement suivre mes conseils, fit-elle… je vous assure qu’avant six mois vous pourrez être un parti fort sortable !

Je fis un geste de protestation énergique :