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Geneviève de Fresne, amoureux comme on ne l’est guère que dans les fictions. Ce malheur semblait sans remède, car Geneviève était des plus riches héritières de France et ses parents infiniment décidés à ne la donner qu’à bon escient : du reste, plusieurs prétendants haut titrés et bien pourvus se disputaient déjà la jeune fille. Elle avait demandé à ne se prononcer qu’à sa dix-huitième année, dont sept mois la séparaient. Nos familles étant amies, par tradition, la ruine de ma maison ne me fermait pas les portes des de Fresne : au rebours, on m’y accueillait de façon charmante, avec une confiance dont un galant homme ne pouvait abuser. Je voyais donc fréquemment Geneviève, et, malgré mille résolutions, je n’avais pas la force de me priver du délicieux tourment de ces visites. Pour elle, je devinais alors, et je fus sûr plus tard, qu’elle m’aimait.

II

La chose en vint au point de menacer ma santé. J’eus la fièvre, une vilaine dépression nerveuse : de-ci de-là, je cherchais à m’étourdir par quel-