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la bête souveraine, ils furent du moins parmi les bêtes les plus fortes…

Hanté, à travers son émoi, par ces réflexions, Alglave avait cependant repris son rampement vers l’arbre creux. Il y arriva sans nouvel encombre. Ainsi qu’il l’avait prévu, l’arbre était fissuré autant qu’il fallait pour voir tout ce que feraient les gorilles. Il s’y glissa, il s’y tapit dans un coin obscur, il contempla la scène extraordinaire que, plus tard, il nomma le grand conseil de l’homme des bois.

III

Spectacle extraordinaire, en effet. Dans un espace de dix à douze ares, le terreau de la forêt était nu, couvert de quelques mousses, de quelques menues plantes, et cet espace elliptique, sous les branches des arbres d’alentour qui interceptaient en grande partie la lumière, formait une espèce de hall naturel.

Là se tenaient accroupis une multitude d’hommes des bois, environ quatre cents, tous mâles, tous adultes. Une manière d’ordre prési-