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LE SACRIFICE


À G. Geffroy.

I

J’aime une petite fille de Lyon, aux confins des Brotteaux, aussi charmante que jamais oréade mirée dans les sources de la Saône. Je n’ai point connu d’âme plus délicieuse, ni de cœur plus parfait. Elle est pure, fraîche, fidèle, pleine de tendre génie, faite au tour et ornée d’une chevelure aussi lumineuse que les nuées que commence à dorer le crépuscule.

Après ma jeunesse parfois orageuse, elle m’est un verdoyant refuge, une île d’amour, de sécurité, où j’espère habiter d’innombrables automnes. À peine si j’ai connu auprès d’elle — et dans les débuts seulement — quelque menue crise de jalousie, quelque soupçon vite tari, quelque peur fugitive de l’avenir. Elle sut dissiper ces vapeurs