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quelles il pourra observer l’étrange pandémonium.

Que faire pour passer inaperçu ? Et le flair des anthropoïdes ne le découvrira-t-il pas, même si, leur regard ou leur ouïe ne perçoivent sa présence ?

Il osa espérer. Il se dit que la foule même qu’ils faisaient, d’odeur animale forte, dissimulerait sa faible odeur d’homme blanc, vêtu d’habits qui le diminuaient encore. Et sans plus ratiociner, il s’abandonna à l’aventure. Rampant de souche en souche, de plante en plante, de fût en fût, il se rapprocha de l’arbre creux. Plus de la moitié du chemin fut ainsi parcourue. Soudain, il eut un violent battement de cœur. Le silence s’était fait.

Des têtes noires, des yeux brillants se tournaient dans sa direction. Il se fit un épouvantable silence.

— Je suis trahi ! songea-t-il.

Aplati contre terre, il attendit, résigné, comprenant qu’il ne pourrait pas fuir, se dissimulant toutefois avec soin.

Du reste, plus un doute, les grandes bêtes noires, accroupies, dans des poses de meeting, c’étaient bien les hommes des bois géants, les terribles gorilles de Kyamo. Deux minutes cou-