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DANS L’OMBRE


À Arthur Bory.

I

Heureux ceux qui savent parfois se retirer le plus brillant, mais le plus despotique de nos sens, — je veux dire la vue.

Il leur est réservé des jouissances d’une douceur charmante, discrète, aristocratique, — des tendresses de confidence et des voluptés du tréfonds de l’âme ! Les êtres des générations suivantes s’étonneront qu’en amour nous ayons tant donné au regard, — que nous n’ayons pas su discerner plus finement qu’il est des hommes et des femmes de qualité précieuse, de grâce aristocratique par le tissu de la peau, la santé exquise de la chair, le magnétisme des nerfs, la magie de la voix. Ils se moqueront de ce que nos amants et nos amantes aient pu dédaigner, au profit d’une