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rieusement : « Assez !… Je ne suis pas ici pour écouter des sornettes, mais pour vous examiner !… D’autres sont là qui attendent et dont vous prenez le temps… Laissez-moi voir, répondez nettement à mes questions ou faites place à d’autres !… »

Je me tus, j’ôtai ma jaquette, mon gilet… Toute ma fièvre tomba, je fus pris d’une grande angoisse, mon cœur cessa de s’agiter, il défaillit quand le docteur se mit à percuter, à ausculter, à examiner méthodiquement ma pauvre poitrine… Oh ! épouvante, profonde épouvante de cet être penché sur moi, me maniant, me tournant, me scrutant, pénétrant le terrible secret de mon mal !… Oh ! prodigieuse épouvante ! L’examen fut long, consciencieux, et — je le pressentis cruellement — très lucide, très perspicace.

Quand il eut enfin terminé, Haller resta une minute en silence, pensif… Alors je n’eus plus envie de connaître la redoutable énigme… J’eusse supplié qu’on me la cachât… en proie à une agonie de détresse… Puis, dans le moment où il se tourna de nouveau vers moi, tout à coup — sais-je par quel mystère, par quel retournement furieux de mon être ? — de nouveau la curio-