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atténuantes assez fortes pour équivaloir presque à un acquittement, et que, par surplus, il peut être une solennelle et sévère leçon pour quelques brutes du corps médical, une protection pour des malades qui se trouveraient dans des situations analogues à la mienne… Mais je m’égare… Il ne vous importe pas de savoir ce que je pense de mon acte, mais pourquoi et dans quelles circonstances je l’ai accompli…

Un peu de sueur huileuse parut à ses tempes. Lentement, avec un mouchoir de soie, il s’essuya d’un air de dégoût et d’amertume. Son œil se dirigeait vers une encoignure sombre, avec stupeur, lourdeur, épouvante :

— Il y a six mois environ, — me sachant fort malade… fort malade depuis longtemps… et après avoir reçu depuis deux ans les soins assidus d’un bon médecin de quartier… je résolus d’aller consulter un des princes de la science… une de ces célébrités qui président aux morts très riches ou très illustres… J’étais, je dois vous l’avouer, dans une curiosité extrême, maniaque, de connaître exactement la nature de mon mal… de savoir si je devais en mourir ou si je pouvais y survivre… J’avais la ferme volonté de provoquer une réponse nette, un oui ou un non décisif… Car tout me