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Après quelques minutes, il releva la tête, il regarda vers le magistrat, sans qu’une image parût entrer dans la mort de ses pupilles, il murmura :

— … Me recueillir… deux minutes… je vais tout vous dire… tout… tout… rien à cacher… rien à craindre… Avant quinze jours !…

Il acheva d’un geste aussi vague qu’un geste de mannequin. Il enterra son front dans ses doigts translucides. Le magistrat respecta son silence.

Au bout de cinq minutes, l’accusé laissa retomber ses mains, son visage apparut navrant et froid, comme le visage d’un moribond dans l’accalmie qui précède si fréquemment les derniers moments.

— Monsieur, dit-il… vous savez que je suis venu me livrer moi-même… vous savez que j’ai spontanément avoué mon crime… sans toutefois entrer dans aucun détail… Il me reste à compléter mon aveu… il me reste à expliquer l’acte que j’ai accompli… et qui est, en un sens, un acte de justice… Je ne veux pas plus m’excuser que m’accuser… je désire être jugé sur la vérité… rien que la vérité… Tant mieux si le jury juge — comme je le fais encore moi-même en ce moment — que mon meurtre n’est pas un crime vulgaire, qu’il peut obtenir le bénéfice de circonstances