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L’EXÉCUTION


À G. Rodenbach.

Jamais, en sa carrière déjà longue, le juge d’instruction Villème n’avait eu à interroger un personnage plus sépulcral, portant sur le creux visage, dans les yeux approfondis et minéralisés, une telle évidence de mort, d’irréfragable anéantissement. Le garde qui l’amenait semblait un soutien plutôt qu’une ironique précaution. Il devait être incapable d’une violence de mouvement, de la plus faible résistance.

Il se laissa crouler sur un siège, il resta dans une songerie écrasée, impotente, avec la rugueuse respiration d’un surmené. Aux questions de M. Villème, il ne donna d’abord aucune attention, ses yeux traversés d’irisements d’émeraude, fixés dans l’espace, mornes, fatidiques, lamentables.