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roulements des tambours, le crépitement des fusillades, la foudre des canons, il y eut une mêlée superbe. Quand elle fut bien engagée, Rambert fit tonner les deux mitrailleuses, et cette volée de mitraille alla tomber sur la cavalerie allemande, qui se rangeait pour la charge. Elle étonna l’ennemi plus que tout le reste et détourna, l’attention de ses chefs au moment même où une partie de notre gauche abordait à son tour.

La contre-charge de la cavalerie allemande fut considérablement atténuée par une nouvelle décharge des mitrailleuses ; la fusillade décrut ; plus de la moitié des troupes de part et d’autre s’engagèrent dans le corps à corps. Le hameau de Gondreville fut pris, repris, définitivement emporté par les Français, et si la bataille n’était pas encore gagnée pour nous, déjà se dégageait une certitude consolante.

L’énergie de l’attaque, l’approche du crépuscule, la reconstitution d’un centre écartaient la crainte d’une défaite honteuse. Désormais le champ de la retraite contingente était ouvert ; désormais même la perte de la bataille serait l’honorable fin d’une journée glorieuse ; désormais la brigade était au moins sauvée matériellement, avec Gondreville repris par Rambert et le