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impuissants devant elle. Néanmoins, je le répète, notre défaite semblait seulement retardée. L’artillerie allemande (huit canons intacts) couvrait de son tonnerre les trois pièces de 4 et les deux mitrailleuses qui nous restaient. Comme un coin énorme, l’armée bavaroise semblait prête à scinder la nôtre. Toute la courbe nord, le hameau et la châtaigneraie appartenaient à l’ennemi. Le centre français était clairsemé ; la droite, appuyée au tournant sud-est de la rivière et au nord-est des marécages, avait peu de couvert, sauf les saulaies que quelques compagnies de mon régiment occupaient en tirailleurs et que les Allemands ne pouvaient prendre qu’en s’exposant à de terribles feux de flanc et de face.

Dans l’ensemble, la position stratégique des Allemands leur assurait donc la journée. Notre aile droite une fois enfoncée, il suffisait désormais d’un moment de faiblesse, et la débâcle commençait. Le coin formidable, qui pénétrait entre nos ailes encore faiblement reliées, ne pouvait être émoussé que par une attaque générale bien conduite. Le général Odoard était peut-être plus prudent qu’il ne le fallait à cette heure sévère. Il tenait obstinément cantonnée dans ses tranchées-abris l’aile gauche, sur la résistance de laquelle