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III

Pendant que ces derniers événements se passaient, on me transportait à l’ambulance. Arrivé sur un tertre, j’exigeai impérieusement de ceux qui me conduisaient qu’ils me laissassent contempler la bataille pendant quelques minutes. Ils y consentirent. Le spectacle était lugubre ; presque partout nos lignes pliaient, et mon régiment s’embrouillait de la façon la plus misérable. Décidément la journée était bien perdue. Avant une heure, les Allemands seraient maîtres du champ de bataille, et le gros de nos troupes, rejeté contre les marécages, n’aurait plus d’autre ressource que de capituler ou de se faire massacrer lamentablement. Cette conviction s’accrut encore, quand je vis un de mes capitaines, nommé Dave, un pauvre vieux sans intelligence, s’avancer pour prendre le commandement de mes hommes[1]. Il essaya de donner quelques ordres, mais il n’obtint aucun résultat. Tout à coup un

  1. Bien entendu, j’observais ces détails avec ma lunette d’approche.