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II

La forêt des vieux âges ! Plus vénérable, plus vierge qu’aucune forêt des Amazones, qu’aucun buisson australien, peuplée d’arbres millénaires, et pourtant percée de vagues sentiers, de voies frustes. Alglave y avait pénétré seul, après l’affirmation répétée des sauvages que les hommes des bois immoleraient irrémissiblement les téméraires qui pénétreraient à deux ou en troupe.

Surpris de ces sentiers qui la parcourent à travers le désordre immense, il marchait depuis quatre heures.

L’atmosphère lourde, les demi-ténèbres, la vie trop abondante, trop menaçante, tout pesait lourdement sur son imagination, l’emplissait d’angoisse. De-ci delà, quelque grosse bête avait fui devant ses pas, parmi la multitude des petits organismes, ou quelque respiration puissante l’avait tenu aux aguets.

Mais nulle part il n’avait aperçu le grand anthropoïde, roi de cette prodigieuse patrie des arbres. Des traces, cependant, des empreintes