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survint, monté sur une pauvre bête demi-agonisante et férocement éperonnée ; il se dit lieutenant du génie, demanda à parler au général et le prévint de l’approche des Allemands.

Les Bavarois, racontait-il, s’étaient mis en marche au milieu de la nuit, vers cinq heures du matin, renseignés sur la position occupée par les Français. Lui, caché dans une citerne vide, avait suivi la conversation d’un colonel et d’un commandant. Il put se procurer un cheval après le passage de la colonne, et accourir. Le cheval étant vieux et sans ardeur, il n’avait parcouru que huit lieues en quatre heures. Les Bavarois marchaient vigoureusement ; ils n’avaient pas dû faire de détours comme lui. Tout faisait prévoir que, vers onze heures, ils pourraient commencer l’attaque de la brigade française.

— Vous parlez donc l’allemand ? demanda le général au cavalier.

— Oui, général.

— C’est bien. Et vous êtes lieutenant du génie ?

— Oui. J’ai échappé hier après midi, à la faveur d’un déguisement, aux chasseurs ennemis, qui m’avaient fait prisonnier.

— Êtes-vous parvenu à vous rendre compte des forces ennemies ?