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La lutte, toutefois, n’était pas terminée. Il y avait bien de la détresse encore mêlée à notre espérance ! Le charpentier avait laissé se relever Davesne. La brute parut n’avoir plus d’idée que le corps à corps, l’étreinte où les forces se mesurent plus directes. C’était, sans aucun doute, la méthode la plus favorable à sa force prodigieuse, maintenant que son adresse avait échoué. Il demeura une bonne minute à épier l’adversaire ; son œil ensanglanté, sa bouche féroce exprimèrent une énergie à faire trembler. Le charpentier même en était ému, attentif à chacun des mouvements de Davesne. Enfin, celui-ci se rua. Il y eut une mélée confuse de bras et de torses, puis les antagonistes se trouvèrent enlacés, — tous deux en bonne position. D’un effort énorme, Davesne souleva l’autre ; nous crûmes tout perdu. Mais le mouvement n’aboutit pas. Le charpentier retomba sur ses pieds et, rapide, il prit à son tour l’offensive. Davesne rusa, tournoya, — mais terrassé d’une souple étreinte, retourné, il se trouva touchant le sol des deux épaules.

— Te rends-tu ? fit le charpentier.

Davesne donna un coup de reins désespéré ; le charpentier le recoucha, le maintint collé contre le sol.