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Ce n’était que trop probable. Le charpentier était certainement un homme bien découplé et robuste, mais Davesne était un véritable animal de lutte, le fauve humain admirablement proportionné pour l’effort et pour la vitesse, pour l’attaque. Sans doute, la victoire de son petit garçon était imprévue, — mais il n’y avait aucune espérance qu’il eût le même bonheur. Cependant mon père s’était avancé dans la prairie, et des gens du village regardaient de loin, craintifs, sournois, entièrement courbés sous le joug du tyran :

— Qu’est-ce que vous voulez ? demanda le charpentier. Quel motif avez-vous de m’attaquer ?

Quoique son attitude fût ferme, il semblait hésiter, — et mon père lui fit signe de rentrer chez lui. Il était trop tard. Davesne venait de lui sauter à la gorge. Il y eut deux secondes d’horrible indécision, puis nous vîmes que le charpentier s’était dégagé et se tenait sur la défensive. Davesne reprit l’attaque, porta plusieurs coups qui furent évités, ou qui, du moins, portèrent faiblement. Le charpentier s’avança à son tour. Davesne n’eut que le temps de se rejeter de côté. Ils se retrouvèrent enfin face à face, et il