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de l’élan à son tour et tomba comme un projectile sur son adversaire. Davesne roula de nouveau dans la prairie.

— Ah ! mon Dieu ! Ah ! mon Dieu ! m’écriais-je.

Je n’avais plus d’anxiété. Une confiance heureuse m’emplissait l’âme, et l’on voyait aussi éclater une allégresse de délivrance sur le visage des assistants. Cette joie fut courte. Une voix formidable venait de s’élever ; nous vîmes venir le père Davesne. Presque simultanément, mon père sortit de l’usine, et un homme au visage clair, à la barbe d’ébène, se montra sur le seuil de la maisonnette.

— Attends, petit voyou ! hurlait le père Davesne. Tu as pris mon fils en traître !

— C’est faux ! cria mon père.

— Toi, tu vas y repasser ! répliqua le monstre.

Alors, nous entendîmes une voix grave, un peu émue :

— Mon fils n’a jamais pris personne en traître !…, Et le vôtre est un bourreau !

— Ah ! ah !… le nouveau ! Nous allons rire !…

L’homme de la maisonnette haussa les épaules, tandis que Davesne s’avançait à pas mesurés, avec son affreuse expression de férocité.

— Tu vas, dit-il, en goûter comme les autres !