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des larves au déclin de mars. Aux « bonnes feuilles » sur papiers moins caducs, où l’épidémie des coquilles s’atténuait, il eut de rapides pulsations vaniteuses, une joie subite à se lire, de gais rayons cérébraux…

Au dernier « bon à tirer », attendant la réalité, le « volume », le monde fut vide, la peur de l’inconnu parcourut le jeune homme : restait le fétichisme du joueur, la vision lointaine d’une victoire de loterie. Âme errante, la sentine de l’éditeur devint son phare, la crique où il courait chaque jour causailler avec deux ou trois rôdeurs littéraires. Il y simulait de grandes espérances, il parlait sourdement, avec maladresse, toujours laissant percer la soif de réclame, l’effroi d’un lancement avorté.

Quand l’éclosion survint, la subite apparition du nouveau-né aux étalages, quelle épouvante, quels souhaits pour la paix de l’Europe, pour la santé de l’empereur d’Allemagne, et que Boulanger ne bouge et que les Balkans se taisent !