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tourmentèrent Noël. Une soif âpre de guerre, un sauvage instinct d’immolation pesèrent sur son crâne, avec le cortège des plus puériles imaginations de vengeance, des visions d’armes, — marteau, couteau, revolver, — dont il ricanait tout en endurant l’horripilation, l’enthousiasme d’une musique de cuivre.

Un instinct de mouvement accompagna la révolte : marche, paroles, rires feints, contracture des points qui s’unifièrent bientôt dans une argumentation, des articles triomphaux où il sapait les froides dialectiques adverses. Large d’abord, son éloquence intérieure s’amincit, se filtra, se diffusa en réflexions courtes, en mensurations de phrases, en calculs d’épithètes. À mesure, le souffrance prit une troisième forme. Des sentiments perdus, lointains, se levèrent comme des phares au lever d’une brume. Une demi-nuit cérébrale accablante, un va-et-vient lourd, mou et lamentable l’abandon du corps, le livrèrent à de douces et profondes souvenances.