Page:Rosny - Le Termite, 1890.djvu/226

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

disposa la bouilloire. Devant un beau verre de vin, il sourit à des fantômes de fêtes trépassées.

Les mets participèrent des joies de l’ambiance, quatre rosaces réfringentes filtrèrent sur la nappe pâle, Noël crut dévorer des substances précieuses, de longtemps étranger à ce grand et doux appétit, bond de santé, de force et de courage, de pensées à ailes, de bourdonnement des fibres retentissantes à travers la cervelle, comme un cantique de chair. Commencé à bouchées vives, il ralentit le repas, peureux des trop brèves délices du veau tendre, de la salade fraîche.

Tout disparut pourtant, dans un mol regret, mêlant les philosophies de l’éphémère à la fête ténue du hasard, mais le thé rendit à Noël le sourire. L’eau subtile alla ressusciter l’âme des feuilles de Chine, leurs essences nervines répandues dans la chambre Noël but en gorgées paresseuses, le poêle entre ses genoux, tout dilaté de tiédeur, d’arômes et de délectation solitaire…