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— J’ai faim !

Il était tard, dix heures. Nulle envie de sortir. Alors, dans sa petite cuisine, le voici traquant des reliefs, tranche de veau, pommes de terre bouillies, pain. À contempler ces choses simples, la sensualité le pénétra, vive et fine, avec le désir d’une table claire, un trompe-l’œil gai des plats, une psychique de bien-être solitaire :

— J’ai du vin… je ferai du thé…

Le feu, son rythme félin, le carré vif de sa base, la pluie des cendres tombant comme des gouttes d’eau dans une gouttière, les entrailles noires du poêle frémissant à la vie intérieure, tout fit voleter les mille légendes synthétiques de l’intimité humaine, des bons repas presque immatériels à force de réconfort et d’harmoniques.

Un quadrangle de nappe, le veau sur une assiette argentine, tout autour une parure de pain, de fourchettes et de couteaux clairs, les pommes de terre avec une sauce de vinaigre et d’huile, en pyramide, et Noël