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qu’une pauvre chair peut enclore, l’ennemi interne qui rôde tel un voleur sur les fibres, la peur du soldat devant l’ennemi transportée dans le « moi » impuissant à se défendre, la lutte de forces occultes dans ces muscles qui sont nôtres, dans le home de notre chair !

C’est comme un huissier venu pour de vieilles dettes, un papier timbré à acquitter pour le père, pour le bisaïeul, pour on ne sait quel être lointain qui a hypothéqué le patrimoine. Puis la saisie, la venue de rudes recors, la demeure et les meubles maniés de mains féroces. Mais la demeure, c’est nos nerfs, notre cœur, nos entrailles ; les recors c’est l’angoisse errante, c’est les tenailles des petits tortionnaires atomiques, c’est le broiement de nos os.

Ah ! mythe cruel et si juste, par toute l’humanité antique pressenti, hérédité des peines, enfants payant à la nature l’abus des aïeux, fils d’Ève expiant la faute originelle !