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concentration d’âme des phrases de cristal et d’airain, les phrases statiques, pesantes, mélodieuses, l’hymne d’un solitaire à la rude oreille et au rude larynx, préférant les coups de marteau du flot contre une falaise ou le silence d’un ciel lourd aux petits murmures de la vie, aux balbutiements des bestioles et des feuilles dans une clairière, l’hymne d’une âme solennelle, opulente et mortellement mélancolique. Peu à peu, le souffle dardait aux vertèbres de Noël le désir furieux de « produire », de laisser sa trace sur des cerveaux comme la fougère préhistorique dans les houilles.

Mais, par un renversement normal, l’excitation, naguère emphatique comme les phrases du maître, se moula selon les fibres de Servaise, les images impériales s’engrisaillèrent en profils de bourgeois, en femmes tourmentantes comme des moustiques, en querelles grotesques, en tristesse de vie maladive. Imprécises, alors, enchevêtrées dans une brume cérébrale ainsi qu’une