Page:Rosny - Le Termite, 1890.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

laissant des segments de paysages pareils à des estampes de suie sur une feuille de cuivre vierge. Elle abandonna sous elle les futaies, profil de laiton poli dans les océans de l’éther. Vaguement, par euphonie sensationnelle, la même pensée fétichique hanta Luce et Noël.

Le jeune homme médita de murmurer quelque ébauche de phrase qui se mêlerait au souvenir du paysage. Il chercha longtemps, écœuré, puis se résigna :

— Comme c’est pur !

Elle se tourna vers lui, de biais, les rais lunaires s’irisant sur ses pupilles et sur ses cils. Elle fut la déité pâle des nuits, la silhouette vêtue du clair-obscur de tel fusain adorable. L’âme dénigreuse de Servaise la trouva sans reproche, purement belle, symbole de toutes les histoires miraculeuses. Réfugié sous une branche tombante, lui-même pouvait représenter le principe mâle dans la timidité et l’amour, ses traits atténués et embellis par la pénombre.